Jean Pales au 4e Zouaves
Jean PALES est né le 4 mars 1887 à Argelès-sur-Mer dans le département des Pyrénées-Orientales. Il est incorporé à la classe 1907, sous le numéro 29 dans l'ordre du tableau de recensement cantonal et est pris bon pour le service armé en 1908 suivant la décision du conseil de révision à Argelès-sur-Mer le 19 mars 1908.
Il est décrit par le registre matricule sous le numéro 332 comme ayant les cheveux et les sourcils châtain clair, les yeux châtain foncé, le front découvert, le nez et la bouche moyens, le menton rond et le visage ovale ; d'une taille de 1,55 mètre et du degré deux d'instruction. C'est-à-dire, sachant lire et écrire sans certificat d'instruction primaire.
De l'incorporation au 4e Zouaves aux campagnes de Tunisie et du Maroc
Il est incorporé au 4e régiment de Zouaves à compter du 8 octobre 1908. Venant de la 16e région militaire de Montpellier, Jean prend le bateau à Marseille pour Bizerte pour rejoindre le dépôt du 7e bataillon du 4e Zouaves, à la caserne Saussier à Tunis.
Il arrive au corps des Zouaves comme zouave de 2e classe le 10 octobre 1908 sous le matricule 17281 au sein du 19e Corps d'Armée. Ayant acquis son certificat de bonne conduite, il participe aux campagnes de Tunisie du 9 octobre 1908 au 4 août 1909. La division d'occupation de la Tunisie, commandée par le général Vérand, comprend deux brigades. Le 4e régiment de Zouaves appartient à la 1ère brigade. Il est affecté à la caserne Saussier à Tunis qui héberge l'état-major et les 3e, 4e et 6e bataillons.
Jean Pales est nommé zouave de 1ère classe le 6 août 1910. Le 4e Zouaves est aussi sollicité pour des opérations militaires dans la région de Casablanca au Maroc du 5 août 1909 au 26 septembre 1910. À Rabat, le commandant en chef des troupes du Maroc et commandant des troupes du Maroc Occidental est le général Lyautey. Quant aux troupes du Maroc Oriental, elles sont placées sous le commandement du général Baumgarten. Deux bataillons du 4e régiment de Zouaves participent à la constitution de l'armée du Maroc Occidental.
Convocation Militaire
Campagne d'Afrique
Au régiment
Retour à la vie civile
Puis, il est rendu à sa vie familiale en passant dans la disponibilité de l'armée active le 25 septembre 1910 et est affecté au 24e régiment d'infanterie coloniale caserné à Perpignan.
Quelques mois plus tard, Jean épouse Rose AUGE, fille d'un propriétaire terrien le 25 février 1911 à Cabestany, petit village viticole de quelques centaines d'habitants, au sud-est de la capitale départementale. Le jeune marié s'occupe des vignes de ses beaux-parents et n'oublie pas de leur faire un beau garçon : François, né le 25 mai 1912.
Rose Auge
Portrait de famille
De la Mobilisation à la bataille des Frontières
Départ en 1914
Soldat de 1ère classe au 24e Régiment d'Infanterie Coloniale
Le régiment s'embarque les 9 et 10 août au milieu d'un enthousiasme indescriptible. La population civile se presse dans la cour de la gare et déborde sur les quais acclamant le régiment au départ : une gerbe, sur les quais, est offerte au colonel BETHOUARD. Les trains qui emportent les bataillons vers la frontière s'ébranlent aux accents de la Marseillaise, chantée par des milliers de voix.
Après un trajet de 36 heures, le régiment débarque à Revigny (Meuse), va occuper Noyer et Nettencourt d'où il est dirigé par étapes sur la Belgique. Le 24e Régiment d'Infanterie Coloniale pénètre en Belgique le 22 août et entre dans Jamoigne vers 16 heures. La bataille a déjà commencé à l'Est de Jamoignes et le 22e R.I.C. qui précédait le 24e est aux prises avec l'ennemi.
Le 21 août, le Corps d'Armée Colonial groupé dans la région de Stenay (Meuse), reçoit l'ordre de prendre l'offensive sur tout son front en direction générale de Neufchâteau. La situation est grave : la 3e Division Coloniale, avancée hardiment en direction de Neufchâteau, a été surprise dès le passage de la Semoy par l'ennemi.
Le 24e a pour mission d'organiser, dans la nuit du 22 au 23, la défense du village des Bulles. L'attaque allemande sur les Bulles se déclenche le 23 août à 8 heures, précédée d'un très violent tir d'artillerie. Dans l'après-midi, le régiment éprouvé par 6 heures de lutte (les pertes sont de 11 officiers, 550 hommes) reçoit l'ordre de reporter la défense autour du village de Moyen.
Avant que l'ennemi n'ait prononcé l'assaut sur la nouvelle ligne, l'ordre de retraite arrive. Alors commence la longue et angoissante retraite, coupée d'arrêts brusques et de retours offensifs : combats de Jaulnay (le 27 août où le soldat Jean Pales est blessé), de Châtillon (le 31 août), de Bussy-le-Château (le 3 septembre).
Après ces dix jours de marches interminables, une lassitude infinie se manifeste. Aussi, l'ordre de faire front et de reprendre l'offensive fut accueilli avec un soulagement indicible : ce sera la bataille de la Marne.
La bataille de Champagne
Le 16 septembre, le 24e va occuper le front : Ferme de Beauséjour – Côte 191. L'effectif du régiment n'est plus que de 21 officiers et 1 700 hommes. Le 26 septembre, à 4 heures, une fusillade d'une violence inouïe éclate sur tout le front du 24e. Les bataillons en réserve sont lancés à l'assaut des crêtes de la Côte 180 à 1 800 mètres du village de Minaucourt.
Après une lutte acharnée, le bataillon réussit à déborder les Allemands. Ils s'enfuient en désordre laissant entre nos mains un drapeau (69e régiment) et plus de 300 prisonniers. Cette journée glorieuse coûtait 3 officiers et 470 hommes au régiment.
Front de Champagne
Tranchées de Beauséjour
« Le Général Commandant l'Armée est heureux de porter à la connaissance des troupes sous ses ordres l'enlèvement d'un drapeau du 69e régiment d'infanterie allemande [...] Cette prise fait le plus grand honneur au 24eme régiment d'infanterie coloniale. »
— Général LANGLE DE GARY
Le 22 octobre, la Croix de la Légion d'Honneur était épinglée au Drapeau par le Général Commandant l'Armée en présence de détachements de tous les régiments du Corps d'Armée, groupés autour du monument de Valmy.
Le soldat PALES rejoint le front le 7 décembre 1914
La région occupée par la 2e D.I.C. (la ferme de Beauséjour et la Main de Massiges) présente peu de confort : c'est la Champagne Pouilleuse avec son sol crayeux. C'est la guerre de position. Au début de février 1915, la physionomie du secteur change brusquement : à gauche les attaques du 1er C.A en direction de la Butte du Mesnil sont incessantes.
A droite, sur la côte 191, les Allemands font exploser, le 3 février, trois gigantesques fourneaux de mine. L'attaque allemande s'étend jusqu'à la droite du 24e au nord du ruisseau de l'Etang. Elle est repoussée grâce à l'intervention audacieuse du sergent MAROT. Les pertes du 24e ont été de 2 officiers et 160 hommes.
Le soldat Pales, blessé à nouveau, après un premier pansement au poste de secours, est évacué par le train sanitaire sur l'hôpital de Châlons-sur-Marne du 20 janvier au 5 février 1915, puis à partir du 6 février à l'hôpital de Meung-sur-Loire. Après son hospitalisation, le soldat PALES obtient une permission qui lui permet de rejoindre sa femme et son fils à Cabestany. Durant ce séjour en pays catalan, Jean concevra son second fils, Jean.
Retour au Front sur les Hauts de Meuse
Le 1er classe Pales, numéro 89 au contrôle spécial, devient le matricule 07840 et est incorporé à la 2e compagnie du 44e régiment d'infanterie coloniale le 20 juillet 1915 (Régiment de réserve du 24e RIC).
La compagnie quitte Toul (Meurthe-et-Moselle) le 27 juillet. S'ensuivent 3 jours de première ligne à la forêt du Bois-le-Prêtre. Après du repos à l'arrière, la compagnie retourne en première ligne jusqu'au 30 août. C'est la grande vogue des engins de tranchées. Le 22 septembre, sa compagnie arrive à Naives-en-Blois. Le 26 septembre 1915, ils embarquent en train pour Ligny-en-Barrois avant de relever pour 10 jours la première ligne à droite de Somme-Py, au nord de la butte de Tahure.
De nouveau sur le Front en Champagne
Il trouve un secteur complètement bouleversé par notre préparation d'artillerie. Le 44e remplit sa mission sans défaillance. Le 6 octobre, il est chargé de l'enlèvement d'un saillant des lignes ennemies. Du 17 au 22 novembre, la compagnie du soldat PALES prend position à l'Index de la Main de Massiges.
Dur calvaire pour le 44e, 60 jours de travail sans répit. Dans un sol bouleversé, il crée de toutes pièces une organisation forte. Mais la pluie et le dégel réduisent à néant le fruit de ces efforts. C'est un vaste cloaque où la sentinelle patauge pour surveiller l'ennemi.
Départ pour la bataille de la Somme
Fin décembre 1915, le régiment se déplace vers l'Oise. Après divers cantonnements, les poilus prennent position fin février 1916 dans les tranchées près de Chaulnes (Somme). Le 21 février, il est attaqué avec émission de gaz. Une énergique contre-attaque de la section GUITTARD rejette les Allemands.
La 18e compagnie se met en route fin juin pour bivouaquer au ravin de Morcourt le 1er juillet. Au soir du 1er juillet débute la grande offensive de la Somme. Le 8 juillet, le 37e colonial attaque le château de la Maisonnette, face à Péronne.
Le 9 juillet, la compagnie prend les tranchées d'Haucourt pour aller maintenir les positions conquises à la Maisonnette de Biaches. Les Allemands défendent énergiquement cette importante position qui est enfin enlevée le 9 au soir, et occupée dans la nuit du 9 au 10 par la 18e Cie du 44e RIC.
Le lendemain, les Allemands lancent 5 attaques successives. Le 10 juillet, la compagnie repousse toutes les attaques. A 17 heures, elle attaque à son tour. Le bilan de ces journées est lourd : 72 pertes. C'est le sort de Jean Pales qui disparaît le 10 juillet 1916 lors de l'attaque des positions devant la maisonnette de Biaches.
L'ennemi veut atteindre son but et n'hésite pas à utiliser des moyens déloyaux : il fait le simulacre de se rendre et fusille à bout portant la section du sous-lieutenant COUTURIER.
CITATION À L'ORDRE DE L'ARMÉE
« Chargée le 18 juillet 1916 de la défense de l'important point d'appui enlevé à l'ennemi, a rempli sa mission sous le commandement énergique du lieutenant BARRERE, avec une vigueur, une ténacité et un esprit de sacrifice remarquables. »
Citation Posthume
Disparu le 10 juillet 1916 à Biaches (Avis N°3320-G2 du 2 août 1916), la date du décès de Jean Pales est fixée par jugement déclaratif rendu par le tribunal de Perpignan le 28 juin 1921.
Le Journal Officiel du 8 septembre 1922 publie :
« PALES (Jean), mle 07840, soldat : soldat brave et courageux. Tombé glorieusement à Biaches, le 10
juillet 1916. Croix de guerre avec étoile de bronze. »
Registre matricule (ADPO)
Jugement du Tribunal (1921)
Monument aux morts